L'or de Sienne éblouit Avignon

Avignon propose de se pencher, cet été et jusqu’en octobre, au musée du Petit Palais, sur le fabuleux héritage artistique de Simone Martini, à travers des œuvres siennoises appartenant aux collection du musée et celles de la Pinacothèque de Sienne qui pour la première fois prête à l’étranger des œuvres reconnues comme des chefs d’œuvres absolus de la peinture siennoise du XIVe siècle.
La peinture siennoise du Moyen Age prend sa source dans la peinture byzantine, une peinture chrétienne qui se regarde avec les yeux de l’âme et où le fonds d’or, omniprésent, matérialise la présence divine et place les figures religieuses dans une éternité. En Toscane, à Sienne, Simone Martini, sur les traces de son maître Duccio, amènera ce style à un niveau incomparable. Ses successeurs qui furent pour nombre d’entre eux ses élèves, feront perdurer tout au long du quatorzième siècle cette forme particulière de l’art gothique, la renouvelant jusqu’à l’amener vers une sophistication extrême.
L’exposition qui vient de s’ouvrir au musée du Petit Palais propose un panorama de cette période qui constitue l’âge d’or de la peinture siennoise et présente les œuvres de quinze peintres siennois dont celles de Simone Martini, celui-la même qui fit le voyage de Sienne en Avignon, alors capitale pontificale, y resta quelques années, y produisit des oeuvres et y décéda en 1344.
Le style siennois du Trecento se caractérise ainsi par une préciosité et une élégance formelle extrêmes. Les fonds d’or perdurent mais ils sont poinçonnés de motifs floraux ou géométriques, les couleurs sont vives et fraîches, les roses délicats, les oranges vifs, le style devient décoratif. Parallèlement, les visages s’allongent, deviennent de plus en plus délicats et tendent au portrait. Un soin particulier est apporté aux choix des matériaux et à la réalisation de l’œuvre jusqu’à son cadre. La narration est peu à peu introduite dans ce qui devient des scènes et non plus des présentation en majesté. L’ensemble confère à la préciosité et à la sophistication.
Ce style essemera en Europe – on l’appelle alors le gothique international – par le biais des triptyques et autels portatifs de petites tailles que les marchands et banquiers siennois emportaient avec eux lors de leurs déplacements et dont on peut voir plusieurs exemples dans l’exposition.
Il disparaîtra à Sienne au milieu du XVe siècle, non par la volonté des peintres siennois mais avec l’apport de peintres extérieurs, florentins qui eux, depuis plusieurs décennies déjà élaboraient ce qui deviendra le style Renaissance : abandon total du fonds d’or, perspective monofocale, attention donnée à une représentation réaliste des corps, choix de sujets humanistes et non plus liés exclusivement à la religion chrétienne.

Olivia Gazzano
Article paru dans le n°19, juillet/août 2009

Avignon-Sienne, l'héritage de Simone Martini. Musée du Petit Palais, Avignon. Exposition prolongée jusqu'en novembre 2009. Tél. 04 90 86 44 58.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire